Liguria: Benvenuto in Italia

 Mai 2007

 Texte: Willi Lliboutry / Photos: Yohan Laubray, Willi Lliboutry et Surfreport.it

Avec plus de 2000km de côtes, l’Italie familièrement surnommé « la botte » , est mondialement connue pour ses célèbres clubs de foot, ses pizzas et ses indémodables scooters que l’on se transmet de génération en génération. En ce qui concerne les vagues et le surf, le pays n’a plus besoin de faire ses preuves. Ouvert à toutes les dépressions de l’Ouest méditerranéen, il reçoit aussi quelques jolies houles issues des Balkans le long de ses côtes adriatiques.

La Liguria (situé au Nord-ouest du pays, dont voici le drapeau), quant à elle, est une région divisée en quatre provinces: Savone, Imperia, La Spezia et Gênes dont elle épouse le golfe.

Il y a 8 ans, un génois avec qui je partageais une session landaise m’avait vanté les excellentes vagues qu’il pouvait y avoir chez lui:  « Si un jour, tu viens chez nous tu ne seras pas déçu, il y a souvent de bonnes vagues. Sinon va faire un tour sur les îles, j’y vais souvent, elles sont tellement ventées que si tu as le temps de te déplacer et un longboard tu pourras surfer tous les jours. Chaque année, en moyenne il y a plus de 250 jours surfables ! »  

Des vagues et des fréquences de houle à faire pâlir n’importe quel surfeur méditerranéen (ou pas d’ailleurs) qui se contenterait aisément de la moitié.

- Lundi 28 Mai: Comme une bonne résolution de la nouvelle année qu’on ne tient jamais, on se promet d’y aller un jour, le temps passe, les blessures s’enchaînent et finalement dés qu’on peut surfer de nouveau, on va ailleurs. Sachant qu’il y a autant de route et un peu moins de frais de Perpignan à la frontière italienne, que de Perpignan au pays basque espagnol, il serait inacceptable de ne pas profiter de mes quelques jours de vacances et de ce coup d’Ouest significatif. 

- Mardi 29 Mai: Après un petit crochet par les Bouches du Rhône et un surf de bonne qualité du côté de la côte Bleue, Yoan  et moi repartons à l’assaut du littoral.

Nous continuons par le Var et ses vagues caractéristiques, puis nous voilà déjà dans les Alpes Maritimes. Nice, la principauté de Monaco et le long de la corniche, nous finissons par arriver à Menton. La côte d’azur cède enfin sa place à l’Italie.

Côté mer, nous nous apercevons très vite que la houle favorable à la Provence n’a pas le même impact ici. De nombreuses plages, de nombreux spots potentiels mais pas suffisamment de houle pour surfer du fait d’une mauvaise orientation.

Qu’à cela ne tienne en suivant la côte, on va forcément trouver de quoi surfer. Un virage, encore un , un autre… et vingt minutes plus tard… des vagues ! En contrebas de la route, un excellent beachbreak tubulaire d’un mètre, fait la joie d’une demi douzaine de surfeurs italiens. Il offre des droites et des gauches à qui avait eu la possibilité de se garer !

Malheureusement pour nous, stationner avec le camion sur le bas côté étroit de la route n’est pas chose évidente. Nous choisissons donc de poursuivre et de trouver une plage plus facile d’accès. Non loin de là, nous trouvons un autre spot présentant un très long et joli, mais petit 50 cm (idéal pour le longboard). Il n’y a que trois personnes à l’eau, il fait beau et chaud, alors : Qu’est-ce qu’on fait ? On surfe ici ? On repart sur nos pas essayer de se garer tant bien que mal le long de la route ou on continue ?

Sachant qu’il est possible de trouver beaucoup mieux et qu’il n’est que 13h, on décide de poursuivre vers l’Est.

Une cinquantaine de kilomètres plus loin, on aperçoit depuis l’autoroute une vingtaine de surfeurs massée sur un peak aux allures significatives. Je prends la première sortie qui nous amène à une ville très largement connue pour le surf et le bodyboard.

De Kelly Slater, Pat O’Connel et Benji Weatherley, venus surfer ici lors du tournage de « Drive thru Europe » en passant par la vidéo saussetoise de Jessica et Sandrine, ainsi que les nombreuses photos vues sur internet,  nous arrivons face au fameux « reef artificiel italien ».

Il est le résultat hasardeux de rochers ayant servis au renforcement du sol lors du percement d'un tunnel sur l'autoroute, dans les années 50. Le résultat est stupéfiant. La houle se retrouve canalisée et amplifiée offrant d’excellentes droites et gauches avec des sections à tubes et des rampes de lancement à qui veut s’envoyer en l’air.

Comme l'illustre cette photo (du site www.surfreport.it) certains jours le spot laisse rêveur...

En ce milieu d’après-midi, face aux maisons orangées équipées de volets verts olive (couleur emblématique du drapeau italien), le vent flaible side-shore lisse des vagues d’un mètre dans une eau aux reflets turquoise.  

L’accès au pic,facilité par une digue, permet aussi aux photographes de bénéficier d’une excellente prise de vue. (Ce qui n'est pas mon cas avec ce petit numérique!).

Muni de ma 9’2, je me laisse surprendre par la puissance de quelques ondulations qui paraissaient anodines.

Prendre de la vitesse, taper la lèvre avec le longboard à chaque fois est un véritable plaisir. Yoan plus à l’inside, profite des nombreuses vagues manquées par la foule italienne.

Ici comme ailleurs, lorsque les vagues sont bonnes, on a pas mal tendance « à se tirer la bourre ».

 

Qui va prendre la plus grosse vague ? Qui va faire le plus bel aérial ? Le plus beau tube ou 360° ? C’est très bien pour progresser ( le niveau de certains est d’ailleurs très surprenant), malheureusement lorsqu’il y a trop de monde, on sait que ça encourage fortement à taxer. Et aujourd’hui (jour de semaine), c’est largement le cas!

Les séries se font de plus en plus fréquentes et les vagues prennent un peu plus de taille atteignant un bon mètre cinquante. C'est la sortie des écoles et du boulot, on se retrouve a plus de quarante au pic.

 Yoan pense qu'on s'est trompé de pays?!! Pourtant on n'est ni en Chine ni en Inde! Alors imaginez-vous le week-end, lorsque les conditions sont parfaites!!!

Des « va fan culo »  pas toujours très amicaux commencent à se faire entendre un peu de tous les côtés. Heureusement personne n’en vient aux mains, mais je ne serai pas surpris d’apprendre que cela ait du arriver ou arrive quelques fois…

Ce reef est une excellente chose, mais il en faudrait plusieurs pour éviter d’agglutiner la foule au même endroit. Un élément à prendre en compte dans d’éventuelles futures et volontaires constructions françaises….

Pour éviter un quelconque accident, je sors de l’eau troquer mon longboard contre le shortboard plus adapté aux conditions (ou plutôt à la situation).

 

Quelques heures de surf plus tard, la journée touche à sa fin, il est temps pour nous de manger et trouver un endroit où dormir. D’après les prévisions, les vagues s’affaissent un peu demain, avant une nouvelle entrée de houle prévue pour Jeudi.

Notre premier jour en Italie est des plus fructueux, espérons que la "Mare Nostrum" soit aussi indulgente avec nous demain...

- Mercredi 30 Mai: Il n’est pas encore 8h, il y a déjà une dizaine de personnes à l’eau sur le spot de la veille. Bien que ce soit plus petit, c’est toujours aussi beau et régulier. On s’y laisserait à nouveau tenter, mais d’autres vagues nous attendent…

Après avoir savourés de succulents croissants fourrés en guise de petit déjeuner, nous partons en direction du Nord.

 Nous traversons la singulière et colorée ville de Gênes qui pour la petite histoire, serait (ses origines demeurant incertaines) la ville natale de Christophe Colomb . La route sinueuse du bord de mer, nous conduit dans un petit village, dont la baie circulaire laisse dérouler de longues vagues de 50 à 80cm.

 

Cette plage est très fréquentées par les longboardeurs du coin. Aujourd'hui deux d'entre eux, sont d'ailleurs à l'eau pour profiter de ces jolies conditions. Après quelques difficultés pour nous garer, nous finissons par les rejoindre.

Roberto Peccia

 

Le contraste entre l'agressivité de certains surfeurs d'hier et la sympathie de ces deux longboardeurs, nous ravit. Ils se font un plaisir de nous parler de leur région, de leurs spots ou de leur "trips surf" méditerranéens dans un très bon français pendant que Yoan pouffe à chacune de mes répliques italiennes…

Quelques heures de surf, et de bronzette (affalés à admirer "le raggaze" en bikini) plus tard, nous voilà repartis en direction d’un spot (indiqué par les deux italiens) susceptible d’accueillir plus de houle.

La particularité de la Liguria est d’être très vallonnée. De ce fait, en suivant l’autoroute, on traverse d’innombrables tunnels pour ce rendre de ville côtière en ville côtière, qui sont du reste excellemment desservies.

Quarante kilomètres plus loin, nous "atterrissons" sur une plage au cadre verdoyant encerclée par deux flans de collines.

Séparés par plusieurs petites digues, trois spots accueillent des vagues propres d’un mètre et plus en séries sur fond rocheux et sablonneux.

Nous profitons des conditions jusqu’au coucher du soleil.

- Jeudi 31 Mai: Nous sommes au début de la Toscana, une région italienne qui est elle aussi nettement favorable à la pratique du surf et du bodyboard.

 

Malheureusement, toutes les bonnes choses ayant une fin (les congés de Yoan aussi) il devient impératif de rentrer. Le voyage fut court, mais cela suffit à contenter toutes nos espérances et en garder de bons souvenirs, en attendant de découvrir d'autres régions italiennes.

Pour certains, ce pays porte encore à sourire quand on compare ses vagues à celles du Maroc ou de l'Indonésie . Cependant, il garde indubitablement sa place en tête de liste des destinations surf (et bodyboard) méditerranéennes.

Pour mesurer l’impact du surf italien, il suffit de faire un petit tour sur Internet pour découvrir le nombre impressionnant de sites et de blogs en ligne.

Du côté de la fédération italienne, on ne fait pas les choses à moitié ; clubs, compétitions locales, "Bodyboard, Longboard et Shortboard national tour".

 On retrouve aussi de nombreux magazines dans la presse, des photographes professionnels, des surfshops…

Le niveau général augmente, et on ne s’étonne plus de retrouver des italiens sur le WQS, ou l’équipe nationale au championnat du monde. En dehors des compétitions, on croise souvent  des surfeurs et bodyboardeurs italiens sur les meilleurs spots internationaux. Ils se feront peut-être un plaisir de vous donner des secrets de grand-mère pour préparer vos spaghetti bolognaises. Qui sait?...

Willi

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